Il fut un temps où cette question ne se posait même pas. Papa partait chaque matin gagner le pain de la famille pendant que maman s’occupait des enfants et de la maison. Aujourd’hui, nous avons le choix. Voici le point de vue de deux mères qui se sont intéressées de près au sujet.
Point de vue de l’expert
Annie Cloutier, maman au foyer, féministe, écrivaine et sociologue
annieetlasociologie.wordpress.com
Annie Cloutier a fait le choix de rester à la maison auprès de ses enfants pendant plusieurs années. Même si ce mode de vie la comble de bonheur, elle insiste pour dire qu’il ne convient pas nécessairement à toutes les mamans. « Si une mère est à la maison alors qu’elle n’a pas envie d’y être, ce ne sera bénéfique pour personne. »
Par contre, si cette décision est bien assumée par la femme et par son conjoint, celle-ci croit que toute la famille pourra bénéficier d’une meilleure qualité de vie. « Des mamans qui m’ont confié leur expérience me parlent d’un mode de vie plus tranquille et plus sain, dans lequel il y a en général moins de maladie, moins de stress et moins d’angoisse. »
Être mère au foyer, c’est dépassé en 2014? Pas du tout, selon la sociologue. « La réalité a bien changé depuis les années 50. Grâce aux nouveaux moyens de communication et à Internet, les mères à la maison demeurent très ouvertes sur le monde et peuvent facilement faire de la formation continue, se tenir à jour dans leur domaine professionnel et conserver des liens sociaux. Le jour où elles voudront retourner sur le marché du travail, elles ne seront pas totalement déconnectées », ajoute-t-elle.
« Je ne suis pas une partisane de l’hypermaternité », affirme Annie Cloutier, précisant que son but n’est pas d’être la « reine du foyer », mais bien d’augmenter le temps passé auprès de ses enfants. « C’est pour moi le plus grand bonheur que m’offre ce choix de vie », conclut-elle.
Non
Point de vue de l’expert
Louise Leduc, maman au boulot, féministe et journaliste
blogues.lapresse.ca/mere/
Ayant eu une mère qui est restée au foyer jusqu’à ses 12 ans, Louise Leduc, journaliste à La Presse et auteure de La Mère blogue, avoue avoir du mal à ne pas culpabiliser d’envoyer sa fille au CPE.
Bien qu’elle ne soit pas du tout contre le fait d’être mère au foyer, Louise Leduc souhaite cependant montrer à sa propre fille qu’il est possible d’avoir des enfants sans renoncer à sa carrière. « Il est primordial pour moi qu’elle sache qu’elle pourra aussi mettre ses compétences au service de la société. Le Québec ne peut pas se contenter d’une seule moitié de ses forces vives », explique-t-elle.
Choisir de rester à la maison avec les enfants jusqu’à ce qu’ils prennent le chemin de l’école est un choix qui porte à réflexion, à son avis. « Il est déjà difficile de reprendre sa place après un congé de maternité, alors la tâche doit être encore plus herculéenne si on a décidé de se retirer du marché du travail pendant quelques années. »
En terminant, Louise Leduc y va d’un avertissement: « Les femmes qui font le choix de rester à la maison avec leurs enfants doivent prendre leurs précautions et s’assurer que leur arrangement ne se traduise pas par un enrichissement du conjoint (fonds de pension et autres) et par leur propre appauvrissement. » Mme Leduc rappelle que dans l’état actuel du droit, advenant une séparation, les conjoints de fait, sauf entente, ne se doivent pas de pension alimentaire entre eux. « Sans travail ni expérience professionnelle, une mère peut vite se retrouver démunie », conclut-elle.
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